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25 janvier 2013 5 25 /01 /janvier /2013 16:22

Roger Zagdoun, psychiatre et psychanalyste, a fait paraître en 2002 chez l'Harmattan  "HITLER ET FREUD, UN TRANSFERT PARANOïAQUE ... 

OU LA GENèSE INCESTUEUSE D'UN GENOCIDE ET LES PERSéCUTIONS D'AUJOURD'HUI"

 

Il se pourrait que l'intitulé de cette thèse ait incité Norman Mailer à produire "Un château en forêt" qui aisse entendre que la monstruosité d'Hitler viendrait de ses origines incesteuses cependant qu'il a été "en analyse" avec Freud et que sa haine persécutive à l'encontre des juifs résulterait de son  "analyse" - ou tentative d'analyse - avec Freud. Or ce dernier point  n'est pas le propos de l'auteur  alors que cette thèse mérite examen.

 

Nous savons, grâce aux recherches de Thimothy Rykack ("Dans la bibliothèque privée d'Hitler" Le Cherche midi, juin 2009beaucoup plus qu'à celles - du psychanalyste Walter Charles Langer que l'antisémitisme d'Hitler fut un antisémitisme essentiellement opportuniste.

 

Dietrich Eckart  aurait par le succès que rencontra ses oeuvres antisémites  servit de modèle et de tremplin à Hitler. Dietrich Eckart s'est vanté d'avoir sur  lui  eu une influence déterminante en tant et de lui avoir servi d'ascenseur social.

 

C'est aussi par opportunisme - c'est-à-dire pour faire carrière - que Sigmund Freud avait abandonné une  théorie réaliste mais inacceptable pour ses contemporains, la  théorie dite de la "séduction" mettant en cause  les parents proches des victimes d'actes incestueux au profit d'une théorie controuvée mais au beaucoup moins embarrassante  du "complexe d'Oedipe".  Freud avait ainsi  réussi à détourner la responsabilité des troubles post-traumatiques présentés par les victimes en les leur faisant endosser, victimes qu'elles seraient de fantasmes propres à l'enfance qui n'auraient pas été "liquidés".  Cette théorie a beaucoup  servi et sert encore à disculper les pédoclastes et les prédateurs sexuels.     

 

Qu'Adolf Hitler se soit rendu chez Freud n'est pas du tout invraisemblable. Le fait que l'on ait retrouver chez Freud un tableau peint de la main d'Hitler ne constitue certes pas une preuve, mais Freud a par la suite recommandé de ne jamais prendre un "ami" en analyse sous peine de s'en faire à tout jamais un ennemi.  Leur rivalité a pu être mimétique.  Le fait que Hitler ait par la suite choisi une villégiature à Berchestgaden n'est peut-être pas qu'une coïncidence.  

 

Leur mystique a été, au plan planétaire, extrêmement ravageuse.  

 

J'ai été stupéfait d'entendre dire, il y a de cela déjà une dizaine d'années, dans un colloque qui avait pour thème  "Psychanalyse de l'antisémitisme", un pédo-psychiatre et psychanalyste francilien  (Georges Gachnocchi) ouvrir  la séance en s'en prenant aux  journalistes juifs du journal "Le Monde". Il attribuait les  critiques qu'ils formulaient  à l'encontre de la politique d'Israel à "la haine de soi d'être juif" (sic) . 

 

Le colloque était organisé à Paris par l'AIU (Alliance Israélite Universelle)

 

Le psychanalyste franco-israélien Emerit Deutch y rapporta qu'un antisémite était un jour venu le consulter et le prenant pour un psychanalyste proche de ses propres  obsessions antisémites.

 

Danièl Sibony y prit aussi la parole pour parler de l'infidélité conjugale tandis que Madame Janine Chasseguet Smirgel prit la parole pour s'élever contre l'attitude pour le moins inamicale du gouvernement finlandais, qui, nous apprit-elle, avait interdit l'exportation vers Israel de masques à gaz durant la guerre du Golf. 

 

On nous avait promis la présence d'Alexandre Adler, mais il se trouvait alors en Chine et ne put assister au colloque. C'était vraiment dommage parce qu'il avait préfacé le livre que l'historien François Delpla avait consacré à Adolf Hitler (livre paru en décembre 1999 chez Grasset) qui laisse à penser que Hitler pouvait non seulement avoir été un grand admirateur des juifs, mais qu'avant de devenir l'antisémite forcené que l'on sait, il aurait cherché à un certain moment à se faire reconnaître comme étant lui-même juif.  

 

La diatribe du docteur Georges Gachnocchi  contre  les juifs affectés de "la haine de soi d'être juif"  ayant été véhémente, j'avais pensé qu'il avait lu le savant livre de François Delpla en sus de celui de Ron Rosenbaum, qui est aussi une sévère critique de la théorie psychanalytique  (un livre que CLaude Lanzman exècre).   

    

Mon confrère Daniel Rousseau, pédopsychiatre à Angers et postfacier pour le livre de Céline Raphaël "La démesure d'un père",  qui vient de paraître chez Max Millo et auquel l'hebdomadaire  l'Express à consacré un article, fait-il référence à Freud et aux psychiatre restés freudiens quand il titre un de ses livres  "Les grandes personnes sont vraiment stupides" ?  

 

Freud avait en effet  inventé, dans sa propre démesure, en 1919, par le biais de l'analyse (incestuelle, pour ne pas dire incestueuse)  de sa fille Anna, dans un article intitulé "Ein Kind wird gesclagen", que la maltraitance des enfants relevait du fantasme.

 

Gabrielle Rubin, une psychanalyste pas née de la dernière pluie, s'est à juste titre, à partir du travail de la psychanalyste française Marie Balmary et de celui de la sociologue allemande Marianne Krüll, posée la question de savoir si Jakob Freud était bien le père biologique de Sigmund Freud.

 

Publié en 1979 chez Grasset sous le titre de "l'Homme aux statues", le travail analytique de Marie Balmary était sous-titré "la faute cachée du père", du moins dans sa réédition de 1997, la seule que nous ayons lu.

 

Le travail analytique de Balmary est  remarquable de finesse et perspicacité, hormis, à mon sens, l'idée mystique que Freud pouvait  avoir plus ou moinsconsciemment choisi les prénoms de ses enfants de façon à former du nom de Moïse. Cette sorte de trouvaille a posteriori  me semble relever du conformisme, pour ne pas dire d'un formatage, très "lacanien".    

 

Gabrielle Rubin ne pouvait se réclamer du travail de Balmary sans s'attirer les foudres de l'institution, et se voir tout autant que son inspiratrice vouée aux gémonies.  Aussi  prétendit-elle n'avoir puisé sa thèse que dans le travail parallèle et concomitant  de Marianne Krüll, une sociologue allemande autorisée de publication  chez Gallimard, dans la collection "Bibliothèque de l'inconscient", dirigée par Jean-Bertrand Pontalis".

 

Témoin de ce que son grand-père paternel était l'amant de sa mère, Jacques Lacan n'avait lui eu  aucun mal à se faire à l'idée que Freud pouvait avoir été le "fruit" d'un inceste père-fille. Il baptisa cette question, centrale en psychanalyse, la Chose petit "a". Lorsque Marie  Balmary fit paraître sa thèse, il la convoqua, curieux de savoir si elle avait deviner la réalité caché derrière le déni de réalité que professait Freud depuis qu'il s'était rendu compte de l'indicible.

 

 





 

 

 

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