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22 mars 2011 2 22 /03 /mars /2011 18:51

Hospitalisé depuis six semaines, l'état de mon père s'était dégradé à tel point que le 12 septembre 1990  au soir, il était  mourant.

Son état était devenu  pitoyable.  Il gisait sur son lit,  squelettique, prostré,  défait, incontinent, presque  nu dans ses émonctoires. A force d'être tombé du lit dans les jours précédents, son corps était, des pieds à la tête, couvert d'ecchymoses.  Après s'être un instant agité comme s'il avait cherché à s' agripper à un  objet imaginaire  - ces mouvements sont dits "carphologiques" et précèdent de peu la mort - le malade sombra  dans le coma.
Ma soeur me dit :

- Toi qui est médecin, tu ne peux vraiment rien faire   ?

J'étais certain qu'il  ne souffrait pas, comme ses médecins avaient voulu me faire croire,  ni d'une démence sénile,ni d'une "encéphalopathie vasculaire" (sic) des diagnostics fourre-tout, et encore moins d'une tumeur cérébro-spinale de type gliale, ne serait-ce que parce que le test de Schilling, qui se pratique en recourant à une dose déjà thérapeutique de la vitamine B12 avait non pas aggravé son état mais l'avais l'espace de quelques jours amélioré.

 J'ai dit à ma soeur : << Cette histoire "d'hydrome sous-tentoriel" (sic)  pour lequel un rendez-vous d' I.R.M.  a été pris ne tient pas debout,  et il n'a certainement pas  la maladie de la vache folle.  Il y a  tout simplement qu'il ne reçoit  pas  le traitement qu'il faudrait (au lieu de le lui administrer le traitement de la maladie de Biermer, seulement un faix semblant destiné à me faire croire qu'il le prenait et donc que l'aggravation de son état était dû à la maladie d'Alzheimer et d'une encéphalopathie vasculaire, voire d'une tumeur cérébro-spinale !). C'est  pour ça qu' au lieu d'aller mieux, il va de plus en plus mal. Je suis sûr de ce que je dis, j'ai été invité par une infirmière à vérifier le traitement qu'il reçoit sur le cahier de prescription !  On n'a jusqu'ici fait que semblant de le soigner, tout comme on essaie de me faire croire qu'il a une tumeur cérébrale. Il  n' a pas plus de T.C.  qu'un Alzheimer ou un  Creutzfeld-Jakob ! >>
Je fis un  un rapide  examen neurologique et lui dis :

<< Il  ne voit plus clair. Regarde ses yeux, les  pupilles sont complètement dilatées. Elles ne réagissent  pas à la lumière quand je les éclaire. Il  y a une toute petite chance de le sauver. Si on ne fait rien tout de suite, demain il sera mort. Il n' est plus  temps d'attendre jusqu'au 24 septembre  le rendez-vous d 'I.R.M. cérébrale, ni même quelques heures  de plus. Je veux bien faire le nécessaire, mais il  ne faudra rien  me reprocher  si ça ne réussit  pas. S' il meurt cette nuit, comme c'est malheureusement à craindre, j'y serai  pour rien. J'ai tout juste le temps de  courir à la pharmacie chercher ce qu'il lui faut avant qu'elle ne ferme pour le lui administrer.

- Je te promets de ne jamais t'accuser de l'avoir tué  s'il meurt cette nuit.
- Il faut aussi me promettre de m'aider après, parce que même si j' arrive à redresser la situation, ça va être très dur ! Il faudra après que tu m'aides !

- Je te promets ….  Je t'aiderai. 

Il  était 19 heures 15. Je n'avais   plus  temps  de discuter.  J' ai dû courir au plus vite à la pharmacie la plus proche, sise à Vitry/Seine me  procurer  pour  9  francs  et quelques centimes une boite de 6 ampoules de cyanocobalamine, plus 3 francs de seringues …..  Vers 19 h 45  j''ai administré à mon père  la moitié  du coffret, soit 3 milligrammes de cyanocobalamine, un milligramme per os et deux milligrammes intramusculaire.

Epilogue : Craignant le pire, je restais une longue partie de la soirée auprès du malade. Je repassais  le lendemain matin  vers six heures. Mon père était  encore en vie. Il y avait  même un léger mieux.  La mydriase n' était plus aussi  complète. Un soupçon d' iris était  perceptible à l'orée de la pupille. Le  lendemain soir, j'administrais  les 3 ampoules restantes. Un mois plus tard,  après  avoir reçu  en intramusculaire 20 mg  de ce traitement étiologique, mon père   pouvait  se tenir debout sans tomber, et même refaire tout seul son lit, à la satisfaction et à la stupéfaction des infirmières, mais  pas à celles du Chef de Service. Bien que le malade  n'ait  pas encore récupérer le contrôle de ses sphincters  - il ne les récupérera, et  une fois pour toutes,  que le 17 octobre 1990 -  il  fut sans  ménagement  renvoyé chez  lui  le 12 octobre.

Pour comble, dans les jours qui suivirent,  l'hôpital  fit parvenir  une note d'hospitalisation salée au domicile de  son  ex-patient. Il n' était  même pas tenu compte de la prise en charge à 100 %, à laquelle il avait automatiquement droit.

Deux  mois après sa sortie  d'hôpital, mon père avait regagné  la quasi totalité  de ses capacités intellectuelles (elles furent objectivées à 30/30  au  MMSE  en février 1991). 

Fortement handicapé,  diminué dans son autonomie en raison  de  parésies résiduelles au niveau des mains et des jambes, le 17 décembre 1990 mon père  porta  plainte  auprès du procureur de Créteil  pour escroquerie, mise en danger de la vie et non assistance à personne en péril, non contre les neurologues, car il était alors encore persuadé que c' était non à moi, mais aux neurologues qu'il devait d'être resté en vie, mais contre les médecins de la Clinique  qui l'avaient  abusé précédemment à son hospitalisation à Bicêtre.

 

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